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Le Concours (critique) : seuls les meilleurs…

Le Concours (critique) : seuls les meilleurs…

Séance au Toboggan à Décines, le 22 mars 2017

Synopsis du film :
C’est le jour du concours. Les aspirants cinéastes franchissent le lourd portail de la grande école pour la première, et peut-être, la dernière fois. Chacun rêve de cinéma, mais aussi de réussite. Tous les espoirs sont permis, toutes les angoisses aussi. Les jeunes gens rêvent et doutent. Les jurés s’interrogent et cherchent leurs héritiers. De l’arrivée des candidats aux délibérations des jurés, le film explore la confrontation entre deux générations et le difficile parcours de sélection qu’organisent nos sociétés contemporaines.

Le Concours est un film documentaire réalisé par Claire Simon, sorti en salles le 8 février 2017. Le fameux concours dont il est ici question, c’est l’examen d’entrée à la Fémis, école supérieure de cinéma à Paris, à la renommée internationale – et au taux de réussite moyen au concours, sur plus de 1000 candidats, de 3%.

Un film sur un concours de cinéma, pour de (futurs) étudiants en cinéma

L’école est connue comme le loup blanc par tous les aspirants cinéastes de France et du monde – pour ses anciens étudiants devenus réalisateurs (Céline Sciamma, François Ozon mais aussi Julia Ducourneau), mais surtout pour son élitisme, et la difficulté légendaire à être l’un des soixante heureux élus, choisis pour devenir la crème de la crème du cinéma français. C’est personnellement avec une réelle curiosité que je me suis rendue à la projection du film – surtout en sachant que ceux d’entre nous à la COP qui souhaiteront continuer leurs études à la CinéFabrique devront passer eux aussi l’examen d’entrée (différent, mais pas moins sélectif) en mai prochain.

D’un point de vue sociologique le film de Claire Simon est intéressant et très instructif. Ayant déjà travaillé à la Fémis (à la tête du département réalisation), elle maîtrise son sujet, et a su créer une réelle proximité avec les membres du jury. Les commentaires, qu’ils soient positifs, mitigés ou cruels, nous sont transmis sans fard et sans jugement. Les candidats que nous identifions sont toujours touchants, toujours justes ; Claire Simon a su capter la lueur d’espoir, de passion, dans leurs yeux – y compris chez ceux qui ne seront pas finalistes.

Une critique de la reproduction des élites

Cela illustre parfaitement le constat qui se pose, à la fin du film : il y a si peu de places à distribuer qu’il y aura toujours une part d’arbitraire dans la sélection finale. Les jurys, qui débattent avec virulence, pesant le pour et le contre, en sont bien conscients : c’est au final de leur choix et leur subjectivité que dépend le sort des candidats. Plus qu’une simple observation en tout objectivité d’un processus de sélection élevé au rang de rituel, Le Concours nous offre une vision implacablement critique des élites à la française (le parallèle est facile à faire avec Les Héritiers, analyse de l’ENA par Bourdieu). Le Concours nous met directement face à des jurés qui qualifient un candidat de « bouseux », et s’écharpent sur le travail d’un autre, que l’un juge brillant, et l’autre prétentieux et mauvais.

En termes cinématographiques, le film pêche parfois ; notamment la séquence de l’analyse de film, première épreuve du concours, difficile à regarder tant il y a de grain sur l’image. Malgré tout, on est touché par ce portrait, notamment parce que personne n’est diabolisé, ridiculisé ou élevé au rang de martyr de la société, les jurés qui s’engueulent et les élèves qui balbutient sont avant tout présentés comme des humains, qui ont le même but : participer à créer le cinéma français de demain.

Alice 23 mars 2017 Alice, Critiques, Sorties

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