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Rencontre Cinéma : Jean Fabrice Barnault, producteur.

Rencontre Cinéma : Jean Fabrice Barnault, producteur.

En tant qu’élèves de la C.O.P nous avons rencontré le 14 octobre dernier un producteur du nom de Jean-Fabrice Barnault afin qu’il puisse nous expliquer les tenants et aboutissants de son travail, souvent méconnu et fantasmé.

Pour commencer, oubliez l’image de l’homme en costume trois pièces, cigare au bord des lèvres, belle voiture, qui met la pression au réalisateur pour ne pas dépasser le budget. Jean-Fabrice est catégorique, cette vision est totalement fictive et dépassée en France bien qu’encore persistante aux Etats-Unis. Le producteur n’est en aucun cas celui qui possède les fonds pour réaliser un film, mais celui qui se charge de les débloquer. Une tâche ardue donc, mais cruciale aux développement d’un métrage, qui s’avère de plus en plus difficile nous confie-t-il.

Il a commencé en produisant des courts-métrage de fictions, il produit aujourd’hui principalement des documentaires pour la télévision. Le système de production n’est pas le même.

Pour ce qui est de la fiction, le producteur est contacté par le réalisateur qui arrive avec un projet, voire un scenario déjà écrit. Si le projet est accepté, le producteur part en quête de financement. En France c’est principalement au près du CNC, mais aussi de chaînes de télés privées où publiques et parfois d’autres financiers comme des associations. La boîte de prod possède le matériel qu’il faut pour tourner et monter si nécessaire. Une fois le film terminé, l’équipe de production se charge de lui trouver un distributeur. Le travail du producteur de fiction est donc au croisement entre les pôles créatif et industriel du cinéma.

Lorsque il travaille avec la télévision, le processus est différent. Les chaînes de télé ont une grille des programmes à respecter, afin de toucher un certain public. Bien souvent ces grilles de programmes sont dictées par les publicités qui sont susceptibles d’affecter ce public.

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‘TOD BROWNING le jeu des illusions’, documentaire produit par Jean-Fabrice projeté au Festival Lumière.

Nous avons vu la veille un documentaire sur le réalisateur Tod Browning, que Jean-Fabrice a produit dans le cadre du Festival Lumière. Il nous explique que c’est la chaîne Cineplus du groupe Canal, spécialisée dans le cinéma de répertoire qui lui a commandé. Cineplus préparait une rétrospective sur le cinéaste et voulait l’accompagner d’un reportage. Ici, le travail du producteur est donc bien moins axé sur l’écoute d’une équipe artistique.

Toujours avides en Origin Story, nous lui demandons ensuite de nous expliquer son parcours, ses motivations pour être producteur. Il nous répond que son métier n’était pas un rêve d’enfance. Fils d’un directeur de cinéma, il ne voulait pas travailler dans le même milieu que son père. Mais nostalgique, il se rappelle du collège où il organisait des paris sur les résultats des matchs de foot, et du lycée où il avait réuni autour de lui des camarades doués en écriture pour tenir un journal. On dénote chez lui donc un certain esprit d’entreprise présent qui s’accentue avec des études de gestion… d’entreprise. A la fin de ses études, il crée rapidement sa boîte MovieDa et cela fait aujourd’hui trente ans qu’elle existe. Jean-Fabrice n’a donc absolument pas fait d’études de cinéma. Il nous affirme sur ce point que ce n’est pas grave, pour lui, seule compte la motivation.

D’ailleurs, les règles du jeu vont bientôt changer, il en est persuadé. Avec la technologie actuelle il ne sera plus nécessaire de passer par le circuit habituel de production pour faire un film. Un smartphone ou une petite caméra, quelques potes bien motivés et Internet suffiront. En fait, c’est déjà le cas et il nous assure que ce n’est que le début. Le rôle de la production et du financement perd peu à peu du terrain face à des systèmes participatifs comme Kickstarter, bien qu’encore modestes.

Jean-Fabrice nous dit, amusé, qu’il fait partie de la dernière génération à fonctionner ainsi et que nous sommes l’avenir du cinéma. Un peu flattés mais surtout gênés par toute cette responsabilité nouvelle (il manque une fin).

Lug Dessalles

lug 8 janvier 2017 Lug, Rencontres

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