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Tania De Montaigne

Tania De Montaigne

    Nous avons eu la chance de recevoir l’écrivaine Tania de Montaigne. Peut-on même dire artiste puisque son rapport aux lettres s’étend jusqu’à la musique. C’est donc avec un large sourire qu’elle s’est présentée à nous, dévoilant par la même sa simplicité: l’occasion pour nous de parler de scénario, de son livre et de l’actualité. Entretien avec une femme aussi pétillante que souriante.

L’intention derrière un pitch

   Tania engage l’échange en nous questionnant sur la volonté qu’il peut y avoir derrière un simple pitch. “Le truc intéressant, c’est qu’il n’y a jamais une strate, il y en a plusieurs”.

    Pour mieux nous faire comprendre, elle prend pour exemple la célèbre saga Star Wars : le pitch étant un petit garçon qui découvre que son père n’est pas son père. Autour de cela, George Lucas aurait en fait transposé les chevaliers de la table ronde dans une époque future. Et les chevaliers de la table ronde : seraient la bible. “C’est quelqu’un qui, à un moment donné, se découvre élu, donc tout le sort de l’humanité repose sur ce gars là”. Ainsi, Lucas a décidé de tout transposer. Ce que nous vivons naturellement dans notre inconscient va donc être incarné par les gens, les personnages. Et avec Star Wars justement, l’intention de Lucas serait de montrer que devenir adulte c’est admettre la complexité de ce qui nous anime.

Il y a le pitch tout simple, mais derrière ça il y a souvent une intention.

Tania propose alors de citer d’autres films pour voir que cette intention est souvent présente, c’est même cette intention qui sert de direction et de dynamisme à l’œuvre.

“L’art ce n’est pas fait pour être pratique, l’art c’est fait pour être subjectif

NOIRE

   Tania aborde ensuite son dernier projet intitulé NOIRE. Un livre qui retrace les actes de Claudette Colvin, cette jeune femme noire qui reste méconnue par le plus grand nombre mais qui a une importance capitale dans l’histoire. Elle est malheureusement restée dans l’ombre de celle qu’on appelle Rosa Parks.

8157lm9df-l     Ainsi on apprend que ce livre est à la base une commande puisque Tania a pour habitude d’écrire des fictions. Elle a donc dû se pencher sur énormément de documents et de livres pour être la plus précise et la plus véridique possible ; justement, cela faisait partie des nombreuses contraintes de ce projet : elle ne pouvait pas faire abstraction du réel comme lorsqu’elle écrivait ses fictions. Alors elle nous livre le raisonnement qu’elle a eu au moment où il fallait se lancer : “Le pitch je l’ai, c’est l’histoire d’une adolescente oubliée par l’histoire etc… mais compte tenu de ce qui se passe en ce moment, dans une période ou on nous explique que tout le monde est très différent et qu’il n’y a aucun point commun entre les gens, moi je pourrais peut-être expliquer et donner la sensation de ce que ça veut dire l’autre”. C’est donc ce qu’elle nous expliquait : l’intention derrière un pitch. Tania a choisi de se servir de l’histoire de cette jeune fille pour y intégrer son raisonnement. 

     Pour rester dans le thème du livre, on aborde ensuite tous les problèmes qu’un noir des États-Unis doit affronter à cette époque là, surtout dans les états du sud. Tout le régime lui est défavorable, même si c’est une démocratie, ses droits sont bridés par la domination des blancs au sein des administrations et des bureaucraties. Tout est fait pour que la suprématie blanche règne en toute tranquillité et si un noir en vient à protester, il est pendu.

Un peu de politique

Quand vous entendez le mot pur ou pureté, sachez que vous êtes au début de la dictature

    Tania aborde alors les conditions qui peuvent potentiellement engendrer une dictature. Tout d’abord on s’attaque aux marginaux “regardez bien parce que c’est toujours comme ça” prévient-elle. Dès qu’il est question de marginaux (les sans abris et les prostituées par exemple) personne ne se sent concerné puisque tout le monde pense qu’il ne l’est pas. On ne regarde pas l’intention de celui qui pointe du doigt, on regarde ce qu’il nous montre et on ne s’y retrouve pas dedans. “Ça c’est le premier cercle”. Ensuite il y a les femmes, ça intéresse beaucoup car là il y a quelque chose à contrôler. On commence à questionner le droit à l’avortement, l’éducation et le travail. Puis de là naissent des idéologies : “il faudrait peut être allaiter l’enfant pendant 4 ans sinon il va être débile”, ainsi des campagnes germent derrière ça et les cerveaux sont retournés. Arrive un moment où l’on a tellement accepté de chose qu’on arrive aux extrémités : “Peut-être que pour être en sécurité ça serait bien que tu aies moins de droits”, “Peut être qu’on va contrôler un peu tes communications” etc… Certes le cheminement se fait petit à petit, mais arrive le moment où l’on se retrouve les deux pieds empégués dans la dictature et on ne l’aura pas vue venir.

julien 11 janvier 2017 Julien, Rencontres

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